Pour toujours

Publié le par Lou




Mais le lendemain, l’homme revint. Et le surlendemain. Et tous les jours qui suivirent.

A chaque fois, il lui disait la même chose.

« Je t’aime. »

Il lui disait tellement que les mots ne sonnaient même plus comme des mots : on aurait dit le refrain d’une comptine qu’il chantait en boucle.

Et ensuite, il venait nous voir. Renesmée ne protestait pas. Une coquille vide ne proteste pas.

Il jouait avec nous, le regard plein… plein d’un sentiment que je n’osais pas nommer.

Lou continuait à le traiter – intérieurement – de tous les noms, mais je savais que ce n’était pas dirigé contre lui. Elle était odieuse avec tout le monde, c’est tout.

Il inspirait à Adel un respect profond.

Et moi, je restai impartiale.

 Seulement… J’avais une impression de déjà-vu en le voyant. Comme si je le connaissais. Parce que je me rappelais au début de la grossesse de Renesmée, quand elle était triste et qu’elle est allée dans une grande maison et qu’elle avait pris le couteau…

On avait eu très peur. Alors on s’était mis à taper contre les parois de notre cocon en pensant très fort : Non, Maman, non ! On est là, ne nous oublie pas !

Et puis après, je me rappelais quand elle avait accouché de nous. On faisait tranquillement une partie de « Pierre, feuille, ciseaux » – c’est pour ça que c’est cool d’être trois – quand tout s’était mis à trembler. Et puis après je voyais rien et je m’étais mise à hurler et puis…  

Et puis j’avais vu le visage de Pépé Carlisle qui m’avait souri en disant un truc à propos qu’à la différence de Tallulah et Adel, je ne ressemblais pas à Nathalie ou un truc du genre.

Brr. Je trouve ça horrible d’avoir son grand-père comme « sage-femme », enfin moi je dis ça je dis rien.

Bref, j’en étais où ? Ah oui. Donc.

« Je t’aime. »

Et puis il le disait, encore et encore, et il lui disait tellement que les mots… Ah, je l’ai déjà dit ? D’accord.

Et ça continuait.

 « Je t’aime. »

Mais elle elle veut que tu te CASSES, cracha Lou.

TALLULAH !!! Tu sais bien que ce n’est pas vrai ! la rabrouai-je.

Je sais mais il m’énerve. Il parle comme si on n’était pas là, ou alors qu’on était trop bête pour comprendre ce qu’il lui dit.Tant qu’il y est, il a qu’à nous sortir à quel point il aimerait être son gant pour pouvoir toucher sa joue…

Quel gant ? sourcilla Adel.

Tu dormais quand Grand-Mère Bella a regardé Roméo et Juliette ?

Apparemment. 

Mais un jour, au lieu de se terrer dans le silence, Renesmée tourna la tête.

« Alors pourquoi tu m’as quittée ? »

J’hoquetai de surprise, mais ils ne le remarquèrent pas. Je n’avais jamais entendu Renesmée parler.

Il l’a QUITTEE ! s’indigna Lou. L’immonde crapule sans âme ! Et il OSE encore se montrer ici après ça ! Tu verras quand je saurai marcher, vieux schnock ! Je te botterai les fesses jusqu’à que t’en pleures, espèce de vieux… Scroutt à pétards !

Tu as trop regardé Harry Potter, Tallulah, soupira Adel. Tu devrais accepter qu’ils mettent les Teletubbies au lieu de pleurer à chaque fois.

J’y peux rien, tu sais bien que l’aspirateur doté d’yeux me fait peur !

Tu n’as pas peur de Voldemort mais tu as peur d’un aspirateur ? me moquai-je.

Arrête… Quelle idée stupide de mettre des yeux à un aspirateur, n’empêche ! On dirait qu’il est… vivant. Brr.

C’est un peu le but.

Alors c’est encore plus stupide.

L’inconnu ne se dégonfla pas et il la regarda droit dans les yeux.

« Ness… J’ai cru que j’allais mourir sans toi. Le temps qui passait, loin de guérir les blessures, mettait du baume au sel dessus. Je… j’ai cru que j’allais devenir fou. Si Jacob n’était pas venu me chercher, je le serais sûrement devenu. »

Ness ? Hahaha, quel surnom R-I-D-I-C-U-L-E, ricana Tallulah. Et Jake, quel félon, alors ! Qd je pense que je l’aimais bien ! En plus, c’est censé être mon parrain, et il me trahit alors que je…

Tais-toi, Lou ! la coupai-je, en chœur avec Adel.  

« Aussi con que ça puisse paraître, j’ai besoin de toi. Je ne suis rien sans toi. »

Oh là là, le malpoli ! D’façon, t’es rien tout court, pauvre nouille, cracha Tallulah.

« Quand j’ai su, pour les petits… Je suis désolé de t’avoir laissé.

— Tu… tu n’as pas répondu. Pourquoi tu m’as quittée ? » insista Renesmée.

Elle avait vraiment une très jolie voix.

C’est vrai, approuvèrent les deux autres.

« Je… c’était dur. Je…  je t’ai vue entrer dans l’église. Tu étais si belle… Mais ce n’était pas pour moi que tu avais revêtu une robe blanche. Ça m’était insupportable. Alors… j’ai voulu te laisser vivre ta vie comme tu l’entendais. Je me suis rendu compte que je n’avais pas le droit de m’imposer. Evidemment, je mourrais d’envie d’aller dans cette église et de te hurler que tu faisais une erreur, mais je croyais… je croyais que tu avais choisi. Dans toute ma longue existence, je n’ai jamais rencontré quelqu’un comme toi. Ecoute… Je veux juste repartir à zéro. On pourrait élever les enfants ensemble, et nous serions heureux. »

QUOI ? Ce gars croit qu’il aura le droit de m’élever ???

Oh, Lou, ne sois pas comme ça. Ce serait trop génial d’avoir un papa ! jubila Adel.

Oui, approuvai-je. Ce serait bien.

« Je sais que je n’aurais pas dû te laisser alors que tu étais enceinte, rajouta l’homme devant le mutisme de Renesmée. Mais je ne savais pas… »

Son ton se faisait suppliant.

Mais… c’est LUI, notre papa ! comprit Tallulah. OH MON DIEU. J’ai un papa ! J’ai un papa ! J’ai un papa !

Oui, je sais, dit Adel, l’air choqué.

Moi, je me tus. J’assimilais la nouvelle.

Mais, si c’est notre papa, je veux qu’il reste ! s’exclama soudainement Lou.

Mon frère et moi sursautâmes à ce brusque changement d’état d’esprit.

Dis oui, Maman !!! supplia-t-elle. Allez !

Tous les deux se mirent à beugler (intérieurement) : Allez, Maman, allez Maman, allez ! Allez, Maman, allez Maman, allez !

Renesmée tourna la tête.

« Mais… si tu me quittes encore ? »

Adel, ma sœur et moi retînmes notre souffle.

Tu crois qu’il va la quitter, Dédé ? s’inquiéta Lou.

Adel ne releva même pas le « Dédé », surnom qui d’habitude l’horripilait, trop inquiet.

Je ne sais pas, soeurette. J’espère que non.

Et toi, Livie ? Tu crois qu’il va la quitter, dis ?

Je restai silencieuse, ne désirant pas m’avancer.

OLIVIA ALICE ELIZABETH CULLEN-WELLS !!! beugla Lou.

Pfff... Oui, Tallulah Isabella Rosalie Cullen-Wells ? me moquai-je d’une voix douce.

Tu… tu crois qu’il va s’en aller ? Nous laisser ici ? La laisser triste ? Seule ? Qu’on aura jamais d’autres frères et sœurs ? Qu’on sera jamais demoiselles et garçon d’honneur ? Que Maman ne va plus jamais parler, encore une fois ? Que…

Je ne sais pas, la coupai-je. Mais comme dis le dicton, qui vivra verra.

Son visage poupin de bébé d’un an se plissa un instant, l’air soucieux, et une de ses mèches brunes – si différentes des miennes, d’un blond vénitien – tomba sur son œil bleu – à l’instar du mien, la différente étant dans la nuance : elle les avait très foncés, presque noirs, et moi très clairs, presque gris.

Elle tourna ces yeux bleu nuit vers l’homme, une moue que Rosalie aurait qualifié de « trop trognon » en gazouillant sur ses lèvres framboises.

L’homme avait saisi les mains de Renesmée de la main droite, l’autre posé sur son menton, l’obligeant à la regarder. Elle essaya de se libérer de son étreinte, et Lou retint un grognement envers l’homme, avant de se rappeler de quel côté elle se trouvait.

« Renesmée Carlie Cullen, regarde-moi ! ordonna-t-il. Je ne te quitterai plus jamais, tu m’entends ? Je préférerai mourir ! s’emporta-t-il. Est-ce que tu me crois ??? »

Renesmée regarda son visage déformé par la peur de la perdre. Elle sembla réfléchir, le visage triste.

Soudain, je vis un éclat de vie au fond de ses prunelles chocolat.

 Pour la première fois, ma ressemblance avec elle me sauta aux yeux.

Je remarquai que nous avions le même nez, la même bouche charnue, les mêmes yeux en amande, les mêmes longs cils soyeux, les mêmes ondulations dans les cheveux, le même front blanc et lisse, la même petite moue concentrée quand nous réfléchissions, la même petite fossette au menton, le même pli entre les deux yeux quand nous étions tristes, la même façon de baisser les cils pour retenir nos larmes quand nous pleurions.

Pour la première fois, je me rendis compte que j’étais sa copie conforme – et me tournant vers l’homme… non, pas l’homme. Me tournant vers… vers Papa, je me rendis compte que lui était le sosie de Lou et Adel. Les mêmes cheveux noir corbeau, qui prenaient des reflets bleutés sous la lumière, les mêmes yeux bleu nuit, le même nez droit et fin, la même bouche trop rose pour un homme, mais craquante, le même profil, la même façon de te regarder fixement. 

Pour la première fois, j’identifiais ces inconnus comme mes parents.

Et pour la première fois, mon cœur se remplit de tendresse envers eux. Papa et Maman. Soudain, je compris que je venais de dépasser le stade de l’indifférence. Je compris soudain que nos vies étaient liées, que s’ils souffraient, je souffrirais aussi, dorénavant.

 Leurs regards se posèrent sur nous, et je compris instantanément que la réciproque était vraie. 

Le changement s’opérait aussi en mon frère et en ma sœur. Je sentais leur cœur fondre, je sentais toutes les défenses de Lou tomber.

Je cherchais un moment le nom de ce sentiment, le regard fixé au mur, tandis que Papa attendait toujours la réponse de Maman.

Enfin, je croisais le regard d’Adel et Lou, et, sentiment plutôt habituel envers eux, je sentis mon cœur se gonfler.

Et soudain, je compris. Je compris que je ressentais envers mes parents ce que j’avais toujours ressenti envers mes frère et sœur.

Et je mis un nom sur le sentiment si étrange qui me reliait soudain à ces inconnus, ces inconnus qui n’en étaient déjà plus.

 Celui que ma mère ressentait envers l’homme.

Celui qui faisait que ce même homme revenait chaque jour nous voir et essayer de guérir Maman, essayer de lui influer un peu de ce même sentiment jusqu’à que celui-ci fît surface.

Celui qu’il, à l’instar de toute ma famille, avait dans les yeux quand ceux-ci se posaient sur nous, nous, petits bébés pourtant capables de ressentir très forts ce même sentiment.

 Car ce sentiment n’a pas de limites : ce sentiment ne prend pas compte des différences sociales, des différences d’âges, de goûts.

Ce sentiment, comme dit la chanson, est enfant de bohème. Ce sentiment n’a jamais connu, ne connaît pas et ne connaîtra jamais de loi.

Ce sentiment a un nom, un nom qu’aucune des générations de Larousse, de Petit Robert et d’encyclopédies en tous genres n’a jamais su définir. Le seul bon dictionnaire à ce mot, ce n’est pas le cœur – car quand le cœur arrête de battre, quand le cœur meurt, ce sentiment subsiste quand même. Non, ce n’est pas le cœur qui renferme ce sentiment. C’est l’âme. Ce sentiment résiste à la distance, à la séparation et au temps.

L’amour.

Je regardai mon frère et ma sœur. Je leur ai dit quelque chose que je ne leur avais jamais dite, mais je savais que je ne me lasserais jamais de le répéter.

Je vous aime.

Ils me regardèrent, et au fond de leurs yeux, au milieu de leur visage rond de bébé, je vis de l’émotion. Des larmes perlèrent au bout de leurs cils.

Je sais, dirent-ils en cœur. Moi aussi, je t’aime.

Et toi aussi, je t’aime Adel, dit Lou. Même si je suis chiante.

Ouais, toi aussi, je t’aime. Vous avez toujours été là, les filles, et même si je le pensais, sans vraiment mettre un nom dessus,  je ne vous l’ai jamais dit. Pardon. On se le dit pas, entre frères et sœurs, mais malgré les différences et les disputes, on s’aime.

Oui. Je me rendis compte qu’on ne disait jamais aux gens qu’on aime… ben, qu’on les aime, justement. Même quand cet amour crève les yeux.

Mais il ne faut pas attendre que ce soit trop tard. Car on peut les perdre n’importe quand.

Et je sus instantanément la réponse de Maman. Maman était intelligente. Maman le savait, ça. Maman savait qu’elle n’avait qu’à dire ce qu’elle pensait pour être heureuse.

Maman se tourna vers Papa, des larmes dans les yeux.

Je vis dans ces mêmes yeux de l’amour, un amour fort, incassable, irrévocable, et irréparable.

Et elle prononça à voix haute les mots qu’elle pensait très fort, les mots qui allaient changer notre existence, à tous les cinq, les seuls mots que nous voulions entendre.

« D’accord », dit-elle simplement.

Babies Cullen-Wells poweeerrr !!!




Voilà. Bon, ce chapitre est long, et je n'ai pas mis tout ce que je voulais mettre dedans. Mais perso, c'est mon préféré, en deuxième position après "Renesmée"
A dans une semaine,
Lou.

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L
<br /> <br /> Je suis un peu en retard mais c juste pour dire que jadore ce QUE  tu fais ne change pas continue a nous faire rever comme maintenant, ce chapitre est vraiment génial et ta définition de<br /> lamour et parfaite encore BRAVO.<br /> <br /> <br /> <br />
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M
<br /> j'adore ton expliquétion sur l'amour!!!<br /> c la seule la vrai!!!<br /> J'ADORE!!!!!!!!!!!<br /> <br /> <br />
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A
<br /> HAHAHAHAHAHA j'aime beaucoup la dernière phrase!! elle me fait vraiment marrer!!<br /> <br /> <br />
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E
<br /> il est vachement bien ton chapitre, certainement mon preféré. En plus elle est trop drole. Lou Adel e t olivia ils ont une croissance acceléré ou pas? et ils ont immortelle non ?<br /> <br /> <br />
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M
<br /> dit pourquoi Olivia s'apell Elizaabeth aussi , c en rapport  a qui??? et pourquoi pa esmee ou rené???<br /> <br /> <br />
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